
La déléguée du Parti des Travailleurs algérien, Nadia Chouitem, députée à l’assemblée populaire nationale, dans un discours précis et poignant, expose la situation économique, sociale et politique en Algérie et lance un appel en défense de la souveraineté de l’Algérie contre les menaces d’intervention américaine. Son intervention que nous reproduisons largement ci-contre est publiée par Informations Ouvrières du 6 juin 2013.
«Nous lançons un appel en direction du mouvement ouvrier international”
«En Algérie, il y a une forte combativité des travailleurs et des jeunes, dans laquelle le Parti des travailleurs (PT) d’Algérie s’inscrit pleinement et activement.
Nous enregistrons de façon continue d’importantes conquêtes sociales. Mais nous connaissons dans le même temps une véritable menace d’intervention militaire américaine qui se précise de plus en plus. La situation est grave et dangereuse, et je vous assure que le Parti des travailleurs n’exagère rien.
Face à cela, nous sommes à la fois aux côtés de travailleurs dans les luttes syndicales et les luttes de la jeunesse pour arracher les revendications démocratiques et économiques, et en campagne nationale de résistance pour la défense de la souveraineté nationale, contre l’ingérence étrangère (…).
"Le département américain des Affaires étrangères vient de classer l’Algérie dans la liste des pays à risque sécuritaire"
Il y a quelques jours seulement, les Etats-Unis ont déployé une force militaire de 500 marines, de huit avions militaires de combat dans leur base située à Moron, en Espagne (…). La version officielle avancée par le gouvernement espagnol est, je le cite, de permettre à l’armée américaine “d’intervenir dans le nord de l’Afrique en cas de troubles majeurs” (…). Au même moment, on apprend l’éventualité d’ajouter 450 marines supplémentaires et la préparation d’une intervention américaine en Libye, à partir d’une base au sud de l’Italie. Tout cela, après les interventions militaires en Libye, puis au Mali, et l’installation de bases militaires au Niger et au nord du Mali, donc aux voisinages des frontières sud de l’Algérie.
La Libye et le Mali sont dans une guerre de désintégration. Toute la région du Sahel subit un plan de dislocation. L’Algérie est entourée sur 6 000 kilomètres de frontières par des guerres, des milices armées, des instabilités (…). Du fait du refus de son gouvernement de mener la guerre au Mali, et de son refus des différentes interventions étrangères au Mali et en Libye, l’Algérie se trouve être aujourd’hui l’obstacle majeur dans l’application du plan de dislocation de la région du Sahel, du pillage des richesses (…).
Le département américain des Affaires étrangères vient de classer l’Algérie dans la liste des pays à risque sécuritaire pour les diplomates (…). En ce moment même, au Congrès des Etats-Unis, il y a discussion d’amendements de la loi anti-terroriste pour permettre une intervention militaire en Afrique du Nord sans consulter le Congrès.
En Algérie même, des ONG comme Freedom House, NED, Canvas, connues pour être liées à la CIA, essaient d’infiltrer des mouvements sociaux revendicatifs pour les dévier et les pousser à aller, au lieu de négocier, vers l’impasse, l’émeute, l’anarchie, et donc vers une situation de trouble qui justifierait une intervention étrangère. Par exemple, alors que les jeunes manifestent légitimement pour la création de vrais emplois, contre la précarité et l’exploitation, les animateurs jeunes de Canvas proposent de poser la question de l’emploi dans un cadre séparatiste, du sud de l’Algérie, c’est-à-dire là où il y a les grandes richesses minières, pétrolières et gazières.
"Jugez par vous-mêmes
toutes les conquêtes arrachées après des années de lutte"
Ils proposent de ne pas s’adresser au gouvernement algérien, de refuser la création de 25 000 emplois pour les régions du sud, puis, dernièrement, de revendiquer le changement du régime. Ces actions sont fortement soutenues et relayées par une certaine presse et par certains partis qui ont soutenu et participé à la politique de licenciements et de privatisation (…). En même temps, la maladie du président est exploitée dans cette campagne de sales besognes. Il y a aussi une campagne contre le Parti des travailleurs et l’UGTA (la centrale syndicale algérienne). Le PT et l’UGTA, dans le respect mutuel de leur indépendance et de leurs positions propres, mènent des luttes communes sur le terrain, côte à côte avec les travailleurs, avec, aussi, les syndicats autonomes et les travailleurs non syndiqués (…). Nous utilisons notre groupe parlementaire, dans les conditions difficiles de l’APN, pour formuler des propositions.
Jugez par vous-mêmes toutes les conquêtes arrachées après des années de lutte (…) :
— l’arrêt des privatisations (en Algérie, avec les plans d’ajustement structurel sur injonction du FMI, il y avait eu la privatisation de 1 500 entreprises publiques et le licenciement de 1,2 million de travailleurs) ;
— des règles protégeant la production nationale, comme la règle “51-49” dans les partenariats avec l’étranger (qui limite à 49 % la part des capitaux étrangers dans une entreprise — NDLR) ;
— la préférence nationale dans tous les marchés publics (…) ;
— la réouverture de nombreuses entreprises publiques fermées et l’effacement des dettes pour celles qui étaient restées en activité ;
— l’effacement des dettes des communes ;
— un plan de construction de deux millions de logement à caractère social pour les revenus faibles et moyens ;
— un soutien budgétaire aux secteurs laminés par les plans d’ajustement structurel (par exemple, les industries publiques pharmaceutique ou textile).
Nous avons mené aussi, pendant des années, avec le syndicat d’ArcelorMittal, une lutte commune pour la renationalisation du complexe d’Annaba. Il y a une semaine, le gouvernement a annoncé la renationalisation du site, dans le cadre de la règle “51-49”. Ce n’est pas renationalisation à 100 %, mais c’est une grande victoire, et c’est un point d’appui pour les autres travailleurs des laiteries, des cimenteries et d’autres entreprises qui luttent actuellement pour la renationalisation (…). Sur le plan social, tous les secteurs ont arraché des augmentations salariales allant jusqu’à 70 % (…). Au cours du seul mois de mai, les retraites ont été augmentées de 11 %, les salaires des postiers ont été une nouvelle fois augmentés, de 30 %, et le secteur de la santé a obtenu différentes primes. Signalons aussi la titularisation des précaires et des CDD : 25 000 dans l’éducation, 12 000 dans le supérieur, 25 000 dans la santé (en cours). Bien sûr, tout cela ne suffit pas, mais ce sont des victoires arrachées par la lutte des travailleurs algériens. Ce ne sont là que quelques exemples, et la lutte continue, dans laquelle le Parti des travailleurs est pleinement engagé. Cela participe de la défense de la nation, car la nation, ce sont aussi les conquêtes sociales et démocratiques pour la majorité du peuple.
"Un meeting international
qui sera organisé conjointement avec l’UGTA, fin juin"
Nous allons marquer le 23e anniversaire de la fondation de notre parti par un meeting international qui sera organisé conjointement avec l’UGTA, fin juin (…). Pour ce meeting, qui rendra hommage à notre camarade Mustapha Ben Mohamed récemment disparu, nous lançons un appel à la solidarité en direction du mouvement ouvrier international.
Les mots d’ordre de ce meeting seront : non à l’ingérence étrangère, non à l’intervention américaine, pour la défense de la souveraineté nationale.
Nous avons confiance dans la capacité du peuple algérien à ne pas se laisser confisquer son indépendance, arrachée il y a cinquante ans à l’impérialisme français au prix du sacrifice d’un million et demi de martyrs.
Vive la fraternité, vive la solidarité des peuples et des travailleurs ! »
“Bas les pattes devant l’Algérie, souveraine et indépendante !”
La motion adoptée par le IVe Congrès du Parti Ouvrier Indépendant