« Con la musica io faccio la Rivoluzione » (Luigi Nono)

Le Festival d’Automne rend hommage cette année au compositeur Luigi Nono, dont la carrière s’étale sur 3 grandes périodes.

Période sérielle d’abord : c’est un musicien d’avant-garde, membre de l’Ecole de Darmstadt, qui prolonge la deuxième Ecole de Vienne d’Arnold Schönberg (dont Nono a épousé la fille).

En 1952, il adhère au Parti communiste italien et déclare : « Mon maître en musique est Antonio Gramsci ».

Il devient alors un compositeur politique, partisan de la musique à l’usine, et donne:

Le Chant suspendu (1956), sur des lettres de jeunes Résistants condamnés à mort.

L’Usine illuminée (1964) : histoire d’une grève à l’usine Italsider de Gênes, où on entend des voix d’ouvriers. Citation finale de Cesare Pavese : « Ce ne sera pas toujours ainsi… ».

La Forêt est jeune et pleine de vie (1966) évoque la défoliation du Vietnam par l’agent orange de Monsanto.

Pour Bastiana (fille de Nono) : Le Jour se lève (1967) cite la chanson maoïste L’Est rouge.

Ne consommons pas Marx (1968) est un slogan de mai 68 contre le PCF. Nono enregistre des manifestations de rues pendant la grève générale.

Au grand soleil d’amour chargé (1975): hymne aux femmes révolutionnaires, autour de la figure de Louise Michel.

La révolte s’exprime par une rumeur sourde, des bribes de mots, ou des collages de phrases révolutionnaires, d’où s’élève une voix qui accuse. Le rythme est lent: c’est la subversion du temps haletant de l’exploitation.

Après cette période stalinienne, puis maoïste, Nono se réfugie dans le silence (Il sera doux de se taire) : c’est sa période métaphysique, voire mystique :

Prométhée (1985) : opéra créé dans une usine de Milan, sur le thème : l’ère informatique exige une nouvelle pensée.

Voyageur, il n’y a pas de chemin, il faut marcher (1989)… jusqu’à Compostelle. Compositeur, il n’y a plus de partition, mais il faut composer.

Festival d’Automne

du 3 octobre au 18 novembre