« Ô toile… un grand peintre va te vêtir » (René Char, Les Alliés substantiels).
Né en 1914, Nicolas de Staël a 100 ans cette année. Il est mort le 16 mars 1955 à Antibes. Ce jour-là, il peint son dernier tableau, Le Concert, un piano, une contrebasse ocre en forme de poire, sur un fond qui est un ostinato de vermillon, sans musiciens : la musique du silence. Puis, rejeté par la femme qu’il aime, il se suicide par défenestration: lui aussi se réfugie dans le silence.
Le baron Nicolas de Staël-Holstein était le rejeton d’une branche collatérale de cette vieille famille germanique qui nous a donné (par alliance) Germaine de Staël. Lui, il sera peintre.
D’abord figuratif, il devient abstrait en 1942 : le voilà catalogué par les nazis « artiste dégénéré ». Il donne dans l’abstraction géométrique : avec des bâtonnets. Mais, s’il intitule une série de toiles « Composition », d’autres tableaux abstraits s’appellent très concrètement : Orage ou L’ Oiseau noir, car, affirme-t-il, « Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative ».
En 1952, il fait son « involution » (André Chastel) en revenant au figuratif avec Les Footballeurs : il accumule les couches de pâte, c’est « de la matière en mouvement ».
Deux ans après, il peint Les Mouettes, qui fuient d’un vol pesant vers un horizon bouché, indigo sombre : de Staël est un angoissé.
Peu avant de mourir, il atteint le sommet de son art avec son Nu couché bleu. La femme qu’il aime est sur un lit blanc, sur un fond rouge sang. La ligne est très épurée, sans empâtement : la matière lisse a remplacé la matière épaisse.
Le trait dominant de ses toiles, monumentales, qu’il appelait des « murs », c’est sa folie chromatique, l’éclatement des couleurs les plus vives.
On le voit à l’exposition qui lui est consacrée au Musée d’Art moderne André-Malraux du Havre jusqu’au 9 novembre : « Lumières du Nord, Lumières du Sud » ; les stridences du jaune et du rouge évoquent les paysages du Sud.
♦ Le Traité européen TSCG et ses principaux articles, point par point
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