
Courbet est donc revenu dans sa ville natale d’Ornans avec le plus célèbre de ses tableaux : L’Origine du monde, qui a détrôné L’Enterrement à Ornans, nettement plus austère…quoique… si on observe les faces truculentes des magistrats et des membres du clergé, on s’aperçoit que ce provocateur a donné dans la caricature.
Le sexe de la femme qu’il jette à la face de l’Empire, habitué aux nus lisses de Bouguereau, n’était pas sa première provocation. En 1853, il a présenté Les Baigneuses, son premier nu : deux matrones dénudées, deux puissantes anatomies plébéiennes, qui révoltèrent Napoléon III. Il a cravaché la croupe de celle que l’impératrice venait de qualifier de « percheronne ». La toile fut refusée au Salon.
Courbet n’a pas dû être surpris, en 1866 , que l’ambassadeur de la Porte à Paris, Khalil-Bey, lui commande L’Origine du monde, qu’il voulait placer à côté d’un tondo acheté à Ingres : Le Bain turc (« une tartine d’asticots », dit aimablement Paul Claudel).
L’Origine du monde, c’est une femme nue grandeur nature, allongée sur le dos, à laquelle il « manque » la tête et les jambes, mais non les seins. Les cuisses sont écartées et les lèvres ouvertes, sous la toison pubienne toute frisottée : L’Origine du monde, c’est plutôt l’origine de la vie. Le paysage vaginal est une planche quasi anatomique. Courbet s’est vanté d’avoir toujours dit la vérité dans sa peinture : en effet… C’est le sommet du réalisme en art, c’est « La Joconde » de Courbet (Philippe Dagen, Le Monde).
Il ne supporte pas l’hypocrisie de la classe dominante, ni la répression des pulsions de vie. Le socialiste Courbet brave les tabous religieux sur le sexe, comme il se dressera contre le pouvoir politique de la bourgeoisie sous la Commune de Paris.
Exposition sur le sexe féminin : « Cet obscur objet de désirs », au Musée Courbet d’Ornans (Doubs), jusqu’au 1er septembre.