Jean-Luc Einaudi, qui vient de mourir à Paris, le 22 mars, laissera un nom dans l’histoire du mouvement ouvrier pour son essai sur « la Bataille de Paris » (1991) dont il est l’inventeur, à savoir le massacre d’Algériens de la région parisienne du 17 octobre 1961.

Au départ, de Gaulle, sentant l’Algérie lui échapper, veut négocier avec le F.L.N. en position de force, et, pour cela, il décide de déchaîner la haine raciale.

Un couvre-feu discriminatoire, ne s’appliquant qu’aux Algériens, est instauré. Le F.L.N. réplique par une manifestation de protestation pacifique.

Cette manifestation voit défiler 35 000 Algériens, en costume du dimanche, pour l’indépendance de leur pays.

Le Préfet de Police, Maurice Papon, lâche ses C.R.S. , noyautés par l’O.A.S. : le mot « ratonnade » fait alors son apparition.

L’immeuble du journal L’Humanité ferme ses portes : ce ne sera pas un refuge… (témoignage du photographe Elie Kagan). 200 Algériens sont jetés dans la Seine, d’autres sont détenus dans des stades, comme à l’époque de la Rafle du Vel’ d’Hiv’ : de Gaulle s’inscrit dans une tradition… 600 d’entre eux sont tués, certains meurent sous la torture.

Maurice Papon fera à Jean-Luc Einaudi un procès (qu’il perdra), pour faire interdire son livre.

C’est le plus grand massacre d’ouvriers que la France ait connu depuis la Commune de Paris. Einaudi prend alors la plume pour rompre l’omerta et répondre au voeu de Chateaubriand : « Alors l’Historien paraît, chargé de la vengeance des peuples. C’est en vain que Néron prospère, Tacite est déjà né dans l’Empire… ».

La Bataille de Paris, Jean-Luc Einaudi - Points Histoire - 432 pages - 7.50 € TTC