“les choses s’accélèrent”
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
Pas un jour ne passe sans que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, n’appelle les élus et responsables du PS à la plus stricte discipline concernant la ratification du traité TSCG. Crainte que quelques voix ne fassent défaut lors du scrutin ? Sans doute. Mais pas uniquement.
L’annonce du calendrier de la ratification s’inscrit dans un plan d’ensemble qui décline le contenu du TSCG en un large éventail de contre-réformes et d’attaques anti-ouvrières dont le gouvernement exige que s’y associent les organisations syndicales (lire page 4). La rentrée scolaire se dessine sous le double signe de l’austérité et de la dérèglementation. La barre des 3 millions de chômeurs est franchie. Le journal capitaliste Les Echos ne cache pas son inquiétude : « Bien placé pour se souvenir de la victoire du “non” au référendum de 2005, François Hollande sait qu’un texte européen peut aisément se transformer en paratonnerre des inquiétudes ou des colères des Français. Au moment où le chômage bat de nouveaux records et où l’atonie de la croissance contraindra le gouvernement à une rigueur plus forte encore qu’annoncé, le risque d’une montée de l’hostilité à l’Europe n’est pas nul. »
C’est précisément parce que ce TSCG concentre la volonté d’imposer la continuité des plans anti-ouvriers et antidémocratiques de l’Union européenne que le POI mène une campagne inlassable pour l’unité contre sa ratification et travaille patiemment, à tous les niveaux, à tisser les fils, parfois ténus, de l’unité entre militants, organisations et associations, élus pour avancer sur la voie d’une mobilisation unie qui la mette en échec.
Au lendemain de l’appel par le Front de gauche à une manifestation nationale pour un référendum sur le TSCG, le POI a réitéré sa proposition de rencontre. A quoi les responsables du PCF et du PG viennent de répondre positivement. Le POI, qui mène campagne pour l’organisation d’une manifestation nationale dans l’unité contre la ratification du TSCG, ne méconnaît pas la différence entre manifester pour exiger un référendum et manifester contre la ratification. Pour notre part, nous estimons que la situation exige un appel clair à mobiliser en masse dans la rue les travailleurs, les jeunes dans l’unité des partis se réclamant de la classe ouvrière pour faire céder le gouvernement sur le TSCG.
A l’heure où nous écrivons, un tel appel n’a pas été lancé. Cependant, le POI — il en a fait la preuve depuis six mois — n’écarte aucune possibilité permettant d’avancer sur la voie de l’unité. Dans les rencontres qui ne manqueront pas de se multiplier à tous les niveaux, dans les prochains jours, nous exposerons clairement notre position, sans en faire un préalable : à savoir que toute la situation exige que la mobilisation se concentre sur le refus de la ratification ; et que, s’agissant du référendum, encore faut-il, pour qu’il puisse avoir lieu, que le gouvernement soit contraint préalablement de renoncer à son intention de faire ratifier le TSCG début octobre.
Pour les adhérents du POI, l’ordre du jour est tout tracé : multiplier dans les prochains jours les réunions de comités pour l’unité, prendre tous les contacts possibles pour assurer la mobilisation la plus large pour une manifestation nationale contre la ratification du TSCG. Et ainsi jeter les bases d’une force politique dressée contre « une rigueur plus forte encore qu’annoncé », qu’il s’agisse de mettre en échec le TSCG ou d’aider à réaliser l’unité contre toutes les mesures d’austérité et contre-réformes qui en découlent.
Le fil des événements. Retour quelques jours en arrière. Les secrétaires nationaux du Parti ouvrier indépendant avaient rendu publique le 24 août dernier leur proposition d’organiser une manifestation nationale à Paris contre la ratification du pacte budgétaire (TSCG). Après le feu vert donné par le Conseil constitutionnel au vote du TSCG, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault se propose d’adopter le texte en conseil des ministres le 19 septembre puis de le soumettre au Parlement les 1er ou 8 octobre prochains. Les dirigeants du POI, tout en s’adressant une nouvelle fois aux partis et organisations, en ont appelé aux comités pour l’unités, à tous les militants et travailleurs qui multiplient actuellement les initiatives contre la ratification du traité dans toute la France, pour qu’ils se saisissent de cette proposition. Une date est alors lancée, il n’en reste pas beaucoup au calendrier: le 29 septembre.
(communiqué du 23 août - 18h) Le Conseil des ministres du 22 août a adopté son « programme de travail du gouvernement ». On y lit que le 19 septembre, le projet de loi portant ratification du TSCG (pacte budgétaire) sera adopté au Conseil des ministres, pour être soumis, le 1er ou 8 octobre, pour ratification au Parlement. Ce « programme de travail » comprend également de nombreux projets de lois et de contre-réformes qui, dans tous les domaines (Sécurité sociale, droit du travail, école, flexibilité de l’emploi, etc.) visent à traduire en mesures d’austérité le contenu du TSCG.
Depuis plus de six mois, le POI mène campagne contre cette ratification. Six mois durant lesquels nous n’avons eu de cesse d’expliquer les raisons pour lesquelles ce traité devait être rejeté : parce qu’il inscrit l’austérité comme une contrainte incontournable (la « règle d’or ») ; parce qu’il subordonne toutes les décisions politiques prises en France à l’approbation et au contrôle des institutions supranationales de la troïka (Union européenne-Banque centrale européenne-FMI) ; parce que, de ce fait, il menace de faire disparaître ce qui reste de démocratie et de souveraineté du peuple ; parce qu’il entraîne notre pays sur la voie de la situation qui est celle aujourd’hui de la Grèce et de l’Espagne ; parce qu’il prétend subordonner les organisations ouvrières et en faire de simples rouages de l’Union européenne.
Plus de 60 000 signatures ont été recueillies contre la ratification. Dans tout le pays, des initiatives ont été prises pour forger l’unité contre la ratification, des appels ont été lancés, des comités se sont constitués, rassemblant très largement militants du POI et militants (et responsables à différents niveaux) — du PCF, du PG, du PS, etc. —, des militants associatifs, de très nombreux militants syndicalistes, des élus, tous désireux, par-delà les différences légitimes, de rassembler la force la plus large qui mettrait en échec le TSCG.
Tout au long de cette campagne, nous n’avons cessé de mettre l’accent sur la nécessité d’unir les efforts de tous ceux qui se sont prononcés, sous une forme ou sous une autre, contre la ratification du TSCG. A quatre reprises, nous avons écrit aux partis et organisations qui avaient pris position en ce sens pour leur proposer de nous rencontrer afin de prendre les dispositions de mobilisation qui s’imposent. Force est de constater que si les représentants d’organisations présentes à la réunion convoquée le 21 août se sont prononcés, avec le POI, pour l’unité contre la ratification et pour la tenue d’une manifestation nationale, il reste que les principales organisations invitées étaient absentes (1).
Comment interpréter ce refus de répondre à la proposition de mobilisation dans l’unité ? S’agirait-il, au-delà des déclarations verbales, de laisser passer le traité, et, à la suite, les contre-réformes que le gouvernement voudrait imposer en application du TSCG ?
A quelques semaines de la ratification, que signifierait ne pas répondre à la proposition de mobilisation dans l’unité, sinon, de fait, renoncer à mettre en échec le traité, se disposer, audelà des déclarations verbales, à laisser passer cette attaque sans précédent contre la démocratie et la souveraineté ?
Pour notre part, nous avons depuis des mois formulé la proposition d’une manifestation nationale à Paris, qui rassemble tous ceux qui s’opposent à cette ratification.
A quelques semaines de la ratification, nous déclarons notre refus de laisser faire et notre volonté que cela soit dit ! Nous nous adressons aujourd’hui aux plus de 80 comités pour l’unité recensés dans tout le pays, à tous les militants et responsables de toutes tendances qui sont engagés dans le combat contre la ratification, à tous les partis, groupes et associations au plan national ou local. A tous, nous soumettons la proposition de manifester à Paris, le 29 septembre, dans l’unité, pour dire : non à la ratification du TSCG. Cette proposition ne s’oppose à aucune autre.
Une telle manifestation signifiera qu’une force se regroupe pour aider au combat contre l’austérité que la troïka veut imposer, et cela sous toutes les formes : le TSCG lui-même, et chacune des mesures antisociales que le gouvernement voudrait imposer en son nom.
Nous proposons que partout les adhérents et comités du POI, sous les formes qu’ils jugeront appropriées, se réunissent avec les travailleurs et militants de toutes tendances avec qui ils ont constitué des comités pour l’unité contre la ratification, que la discussion se mène librement et à égalité, personne ne cherchant à imposer son point de vue. Cela, dans l’objectif que, de ce débat, se dégagent les décisions permettant d’assurer le succès le plus large d’une manifestation nationale à Paris le 29 septembre qui dira clairement, publiquement, l’exigence qui est celle de millions de travailleurs : non à la ratification du TSCG !
Paris, le 23 août 2012,
Les secrétaires nationaux du Parti ouvrier indépendant Claude Jenet, Daniel Gluckstein, Gérard Schivardi, Jean Markun
(1) Lire le communiqué commun adopté à l’issue de la réunion du 21 août.