L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
« Une excellente chose » : c’est en ces termes que le patron de PSA (imité par celui de Renault) a salué le « plan de soutien à l’automobile », estimant avoir été « entendu » par le gouvernement. Le jour même, il confirmait les 8 000 suppressions d’emplois à PSA. A qui s’en étonnerait, Les Echos apportent l’explication. Sous le titre : « Automobile : le gouvernement tourne la page d’Aulnay », le quotidien du capital financier salue le « réalisme » du gouvernement, « et surtout, le silence assourdissant entourant le sort de l’usine d’Aulnay. L’aspect le plus révélateur de ce plan est qu’il entérine de fait la fermeture de ce site (…) Si l’on raisonne cyniquement, cela revient à admettre qu’il n’existe pas de meilleure politique de soutien à l’automobile que de reconnaître à un constructeur le droit de résorber les surcapacités industrielles ».
Qui gouverne le pays ? Le Parti ouvrier indépendant ne juge que sur les actes, se refusant à tout procès d’intention. Si, pour tout plan industriel, le gouvernement ne sait que « reconnaître à un constructeur le droit de résorber les surcapacités industrielles » autant qu’il le juge nécessaire pour rétablir ses marges de profit, n’est-ce-pas dire que dans ce dossier, c’est Varin qui gouverne, et non Montebourg ou Ayrault? Mais Varin ne peut gouverner que si l’on érige en impératif absolu le respect de la propriété privée des moyens de production et des actionnaires, et du droit des « marchés » à dicter – à travers les institutions de l’Union européenne, de la BCE, du FMI – les mesures qui saignent les peuples sur tout le continent.
Laisser le pays être gouverné par le « droit (des capitalistes NDR) à résorber les surcapacités industrielles » équivaudrait à nier le droit, pour les 8 000 salariés de PSA, les 40 000 de la sous-traitance, à faire vivre leur famille sur la base de leur salaire (1).
Mais de cette politique, précisément, les peuples ne veulent plus. Ce rejet, cette exigence de rupture monte sur tout le continent. On le voit dans le soulèvement en masse des travailleurs et jeunes d’Espagne. En France, les travailleurs s’interrogent : plus de trois mois après que Sarkozy ait été chassé, qu’est-ce-qui permet aux capitalistes, aux « marchés », de continuer à imposer leur politique destructrice, comme si de rien n’était ?
En tout état de cause cette politique doit être combattue. Comme le souligne l’article consacré à PSA (lire page 4), l’ordre du jour appelle l’action unie, sur le terrain de la lutte de classe, soudant travailleurs et organisations sur le mot d’ordre clair : retrait du plan, aucun licenciement, maintien de tous les sites. Le combat politique nécessaire pour aider à réaliser l’unité sur le terrain de la lutte de classe se relie à l’exigence de rupture avec l’Union européenne, qui se concentre, aujourd’hui, dans la non ratification du traité TSCG. D’où la nécessité de renforcer les comités pour l’unité contre la ratification du TSCG et de préparer les conditions de la manifestation nationale si le gouvernement persiste dans sa volonté de ratifier.
1 – Bien évidemment, la classe capitaliste ne se satisfait pas de ce premier résultat et exige « des mesures complémentaires destinées à améliorer la compétitivité des entreprises ». Aussitôt, le ministre Michel Sapin annonce, pour mi-septembre, une négociation sur « l’adaptation de l’outil automobile » qui permettra aux « partenaires sociaux » de « négocier par anticipation les adaptations nécessaires ».