L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Claude Jenet,
Secrétaire national du POI.
Plus que quatre jours, et l’on connaîtra le nom de celui qui aura la charge de « redresser la situation ». Cette drôle de campagne, commencée à l’automne dernier, s’achève dans un climat de tension. La dictature des sondages — jamais il n’y en a eu autant — a fait place à l’affrontement entre les deux derniers prétendants. Une radicalisation entretenue qui omet d’attirer l’attention sur les diktats de l’Union européenne, du FMI, des banques centrales… et des marchés financiers. Pourtant, « ce 22 avril, la classe ouvrière et la majorité du peuple de ce pays ont dit non : nous n’en pouvons plus, l’heure est venue de tourner la page du gouvernement Sarkozy et d’en finir avec trente ans d’austérité imposée par tous les gouvernements de droite comme de gauche qui se sont succédé » (bureau national du POI, 28 avril 2012).
Tel est bien le fond du débat qui renvoie à la décision du POI de ne pas présenter de candidat à cette élection présidentielle et d’engager toutes ses forces dans le combat pour une Assemblée constituante souveraine.
Ce 6 mai, nos concitoyen(ne)s sont convié(e)s à exprimer leur préférence entre deux hérauts, parfaitement rodés aux arcanes de la Ve République. Institution taillée sur mesure par et pour le général de Gaulle — et donc contre les partis politiques —, conçue pour assurer la continuité, y compris l’alternance droite-gauche, la Ve République n’est guère un modèle de démocratie. Il suffit de constater le rôle dévolu au Parlement pour mesurer le poids d’un député. De quelle liberté de vote disposeront les 577 élus de la représentation nationale, lorsqu’ils devront se prononcer sur la ratification du TSCG ? « Car, avec ou sans “complément”, avec ou sans “pacte de croissance”, le traité oblige à inscrire l’austérité dans la loi, coupe 80 milliards d’euros dans les dépenses publiques dès 2013, en particulier dans les budgets de la Sécurité sociale et des collectivités territoriales, établit un système de sanctions automatiques et permet l’envoi dans notre pays d’émissaires européens chargés de dicter l’exécution de plans meurtriers comme en Grèce ! » (ibidem).
Le choix réel, celui de dire non, de peser en faveur d’une politique véritablement différente et répondant aux attentes de la population laborieuse et de la jeunesse n’existe pas. La souveraineté du peuple qui fonde la démocratie est captée par le système institutionnel, détournée de son objectif, et soumise à la volonté des intérêts de la finance. Empruntons à la Frankfurter Rundschau (24 avril), quelques lignes d’un article au titre édifiant, « Le peuple, un détail gênant » :
« La politique en période de crise s’apparente à un coup d’Etat permanent, dénonce Joseph Vogel, professeur de littérature. De plus en plus souvent, ce sont des négociations informelles réunissant banquiers, responsables politiques et banquiers centraux qui orientent la politique. Le pouvoir de décision est aujourd’hui aux mains des “soviets de la finance”. »
Le rédacteur de l’article donne ensuite, la parole à Ulrich Thielemann, spécialiste allemand de l’éthique des affaires :
« “Si l’on ne peut plus évoquer les alternatives possibles, c’est la fin de la démocratie.” Techniquement, certes, on continuera d’aller voter. “Mais les gens n’ont plus le droit de choisir, ils n’ont pas d’autre choix que de dire amen à une politique irrévocable, la démocratie ne sert plus dès lors qu’à entériner.” (…) “C’est la fin de la souveraineté.” »
Une perspective à laquelle le POI ne se résignera jamais! Le peuple non plus! ■
INFORMATIONS OUVRIERES n°198