Les politiques veulent s’inviter au 1er Mai

Cette année, le 1er mai, la journée internationale de revendication et de solidarité, qui rassemble traditionnellement en France les salariés à l’appel de leurs syndicats sur des mots d’ordre revendicatifs, verra les partis politiques tenter de s’y immiscer encore plus que d’habitude.

À Paris, le défilé devenu habituel du Front national en l’honneur de Jeanne d’Arc partira du Palais Royal. À l’autre bout de Paris, une manifestation anarchiste, derrière le mot d’ordre « Pas d’éluEs ! … des luttes », aura lieu la place des Fêtes. Nicolas Sarkozy, lui, lors d’un rassemblement au Trocadero, a prévu de s’adresser en priorité aux salariés du privé.
À la suite de cette initiative, la CGT, la FSU et Solidaires ont appelé à battre le président-candidat. François Hollande a critiqué l’appel à un rassemblement politique le jour de ce qu’il appelle la « fête du travail ». Il se recueillera sur la tombe de Pierre Bérégovoy, à Nevers.

Du côté syndical, CFDT, CGT, FSU, Solidaires et UNSA appellent à une « journée de solidarité internationale et de progrès social ». Une manifestation parisienne partira de Denfert-Rochereau. Des manifestations auront également lieu en province.
Force Ouvrière appelle à des rassemblements dans les départements sur les mots d’ordre « contre l’austérité, pour la défenses des salaires, de l’emploi, de la sécurité sociale, des retraites et des services publics ».

Le Parti socialiste « appelle les Français à se joindre massivement aux défilés et aux rassemblements des organisations syndicales », ainsi que le PCF et le Front de gauche.

Alors que sons sens fait aujourd’hui débat, il n’est pas inutile de rappeler quelles sont les origines du 1er Mai.
Au IVe congrès de l’American Federation of Labor, en 1884, les principaux syndicats ouvriers des États-Unis revendiquent une limitation de la journée de travail à huit heures. Ils avaient choisi de débuter leur action un 1er mai, parce que beaucoup d’entreprises américaines entamaient ce jour-là leur année comptable. Et le 1er mai 1886, environ 200.000 travailleurs obtiennent par la grève la journée de huit heures. À Chicago quelques jours plus tard, une nouvelle manifestation fait trois morts parmi les grévistes.
poi-affiche-8h-travail-loisirs-sommeilAu congrès de l’Internationale Ouvrière en 1889, fut décidé de revendiquer la journée de huit heures. Le délégué des syndicats français, le travailleur Lavigne de Bordeaux, proposa que la revendication de la journée de huit heures s’exprime dans tous les pays par un arrêt de travail universel. Le délégué des travailleurs américains attira l’attention sur la décision de ses camarades de faire grève le 1er mai 1890, et le Congrès arrêta cette date.
Le 1er mai 1891, à Fourmies, dans le nord de la France, la manifestation tourne au drame. La troupe tire sur la foule pacifique des ouvriers. Elle fait dix morts dont huit de moins de 21 ans. Avec le drame de Fourmies, le 1er Mai s’enracine dans la tradition de lutte des ouvriers européens.
L'intransigeant - La massacre de Fourmies
C’est en avril 1941, sous l’occupation allemande que le maréchal Pétain, loin de ces origines, faisait officiellement du 1er Mai « la fête du travail et de la concorde sociale ».

En avril 1947, le gouvernement issu de la Libération fait du 1er Mai un jour férié et payé… mais pas pour autant une fête légale.

Catégories: PRÉSIDENTIELLE

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