Réunis en congrès les 14 et 15 juin à Paris, 278 délégués mandatés par 10 071 travailleurs de toutes tendances du mouvement ouvrier décident la fondation du PARTI OUVRIER INDÉPENDANT Pour le Socialisme, la République et la Démocratie.
Comme moi, les centaines de délégués réunis à Paris les 14 et 15 juin 2008 pour fonder un parti ouvrier indépendant ont été plus qu’heureux en découvrant que nous étions 10 071 membres fondateurs.
C’est dans la dernière semaine, dans les derniers jours, que nous avons atteint et dépassé notre objectif des 10 000. Et ce n’est pas un hasard. C’est dû aux déploiements des camarades qui sont allés chaque jour sur le terrain, à la sortie des entreprises, dans les quartiers, où chez les particuliers avec lesquels ils avaient pris rendez-vous pour les inviter à nous rejoindre.
C’est dû au fait également qu’un grand nombre de travailleurs étaient déjà en discussion avec nous, mais doutaient peut-être de notre capacité à rassembler aussi largement, et qui, à la veille du congrès de fondation, ont admis que ce rêve devenait réalité avec la convocation du congrès de fondation. Cette émulation, cet enthousiasme, démultipliés par la victoire du vote non en Irlande, ont gagné le coeur des nouveaux adhérents, qui n’avaient pas nécessairement de traditions et de pratiques militantes.
Un exemple : j’ai su pendant le cours du congrès que deux adhérentes de mon département avaient pris seules l’initiative d’aller diffuser, sur le marché de La Madeleine, l’appel d’urgence «Ça ne peut plus durer» du comité permanent, emmenant avec elles leurs enfants qui ont «tracté» également.
Elles ne l’auraient probablement pas fait si elles ne considéraient pas que ce parti allait donner espoir à des millions de jeunes, chômeurs, retraités, salariés en manque de représentation politique ; un parti qui, comme l’ont exprimé les marins-pêcheurs, prône la rupture avec l’Union européenne, sa Banque centrale, sa Commission, son «Parlement», ses traités et ses directives ; un parti de lutte de classe qui dénonce le caractère bonapartiste de la Ve République et combat pour la démocratie et la satisfaction des revendications urgentes de la population laborieuse. Nous étions parfois perçus comme des pessimistes, des broyeurs de noir. Nous allons désormais être porteurs d’espoir pour l’ensemble de la classe ouvrière.
S. PA., délégué du comité départemental de l’Eure
Une totale liberté de discussion Des heures de débat en commissions
Ce congrès fondateur n’était pas de ce fait un congrès «ordinaire», il avait un ordre du jour précis, l’adoption de son manifeste et de ses statuts. Les délégués étaient divers. «Il n’y a pas de formatage, ils ne se ressemblent pas. Il y a une grande diversité géographique. J’ai un sentiment de grande liberté où tout le monde s’exprime sans réticences. Un esprit d’ouverture qui tranche et une grande espérance. Une grande fraternité», dit un délégué. «Un magnifique exercice de démocratie», dit un autre.
Un autre encore : «La démocratie à cette échelle, je n’avais jamais vu.»
Après la discussion en assemblée plénière, les délégués se sont répartis dans quatre commissions (manifeste, statuts, barème des cotisations, Informations ouvrières). La discussion sur le manifeste a duré quatre heures, ainsi que celle sur Informations ouvrières. Nous donnons la parole à l’un des délégués qui a participé avec 105 autres à la commission des statuts : «Elle a duré plus de sept heures ! Quasi- unanimité sur le préambule. Sur le mandat, il y a eu des propositions consensuelles pour tenir compte de la majorité des amendements. Sur la question du fédéralisme, le conseil fédéral national (CFN), qui réunit les délégués des comités départementaux, devient l’instance majeure du parti. Enfin, le meilleur exemple de l’exercice de la démocratie a été la discussion sur les deux formulations proposées pour la répartition du produit des timbres des adhérents entre les instances nationales et locales. Alors que la tribune, composée de membres du comité permanent, indiquait sa préférence pour une formulation, et même après avoir proposé une formule de compromis, c’est une deuxième proposition qui a été retenue par environ 70 % des délégués, principalement sur la question du barème national unique.» Ce congrès est un gage de démocratie, un mandat que les délégués feront connaître dans les assemblées de compte rendu, dans les centaines de réunions, petites ou grandes, qui seront organisées.